Biographie Lionel Voyant Médium Pur
Je suis Lionel, voyant médium pur renommé offrant mes services pour des consultations de voyance avec clarté et guidance dans la vie, sans poser de questions. Avec des années d'expérience et des talents naturels exceptionnels de médium voyant, je me suis forgé une réputation d'excellence dans le domaine de la voyance et de la médiumnité.
Ça commence comme cela ! Un enfant de 5 ans, blond comme les blés, les yeux bleus tels un ciel sans nuage. Un jour, il tombe des genoux de sa nourrice, rien de grave de prime abord. Mais l'enfant pleure toute la nuit, ses parents décident de l'emmener aux urgences où ils ne décelèrent rien. Retour à la maison. L’enfant pleure toujours, alors intervient le bon vieux docteur de famille qui très rapidement remarque que l’enfant a un strabisme. Donc retour à l’hôpital pour opérer cet œil. Suite à cette intervention, les deux yeux sont bandés et doivent rester dans le noir pendant 15 jours. Puis rééducation de l'œil : lire avec un seul œil, l'autre doit rester caché derrière une coquille, pendant plusieurs mois pour une vision et un œil qui ne reviendront jamais. « C'est con pour un voyant ». Ce petit garçon, c'est moi, Lionel, le Voyant des Voyants. Cela peut paraître présomptueux, mais tout simplement du fait que les personnes qui m'avaient consulté en voyance en avaient parlé à leurs voyants, médium habituel qui venait par la suite me consulter.
À 14 ans, ce petit garçon a grandi ! Préapprentissage en charcuterie à 6 heures du matin sans rémunération, même pas une enveloppe avec un petit billet, et même pire ! J'avais acheté un sachet de bugnes confectionnées par mes soins pour faire plaisir à mes parents. Comme un gosse qui veut montrer fièrement le cendrier qu'il a fait pour la fête des Mères. Ces bugnes que j'ai payées avec l'argent de poche que me donnaient mes parents. Issu d'un milieu modeste, ils ont travaillé dur, sans relâche, pas de jours de congé, peu de vacances. (Notre mère nous emmenait en vacances avec la R12 Break). Tout en conduisant, elle se retournait pour nous mettre des claques, car on se chamaillait à l'arrière de la voiture. Les claques, c'était pour moi ! L'aîné. (Le fils parfait que ma mère voulait). Comme si la perfection existait chez l'être humain, je suis encore surpris qu'il n'y ait pas eu d'accident ! (Non, je plaisante, ma mère conduit très bien) ; je ne peux pas dire le contraire, je suis l'aîné. Et je ne veux pas me fâcher avec ma mère, c'est une nerveuse, ma mère, attention ! Petite mais nerveuse. Comme elle dit, même s'il faut prendre un escabeau pour te mettre une claque, je le ferais : mes parents tenaient un bar (d'ailleurs, quand une bagarre se déclenchait dans le bar, ce n'était pas le berger allemand qui sortait de la cuisine, c'était ma mère !). Et le soir, je faisais la cave (remettre des consommations dans les frigos) tous les soirs, mon argent de poche ! Alors quand on fait payer 200 grammes de bugnes à un gamin (car à 14 ans, on est un gamin) qui commence à 14 ans à 6 heures du matin pour finir à 14 heures, en faisant les basses besognes, sans salaire ! Aujourd'hui, à 57 ans, je pense que c'est une honte ! Je ne suis ni Cosette ni Cendrillon, car dans mon enfance, je n'ai pas connu la misère, et j'en remercie encore mes parents.
Vous allez me dire rien à voir avec la voyance ! C'est un tout. L'enfant est une sorte d'éponge, surtout lorsqu'il y a une déficience d'un de nos 5 sens ! L'enfant s'imprègne de tout. Et surtout de ses ressentis, à contrario de l'adulte. Qui lui ne fait qu'analyser en oubliant son ressenti, sans écouter son cœur, sa nature, ses sens, son instinct. La première des sensations que j'ai ressenties ? Le mal ! Je voyais la bête, l'animal, la méchanceté dans le visage de l'homme. Je voyais surtout les traits d'un animal qui ne pense qu'à sa gueule, à son bien-être. Ce ne sont pas les riches qui donnent aux pauvres, sauf pour avoir une photo dans le journal et que l'on parle d'eux. Cela ne reste que dans leurs propres intérêts, à montrer leur image avec des grands sourires de faux culs, qui utilisent les pauvres pour faire les basses besognes, et à en récolter des remerciements et des congratulations. Ces mêmes bons Samaritains, tous ces gens, qui vont servir une soupe à un SDF pour la photo ! Et qui repartent dans leur cabriolet pour aller manger chez Maxim's, cela ne les empêche pas de savourer du caviar à la louche. En s'indignant le temps d'une photo et d'un petit discours sur la misère, sans se soucier d'autrui. Comme disait mon père, ces gens-là ! Ont le cœur sur la main, oui ! Comme une merde sur une pelle. Ce sont les pauvres qui aident les pauvres. Sinon, il y aurait bien longtemps que les pauvres auraient cessé d'exister. Et nous serions tous égaux, Liberté, Égalité, Fraternité. La bonne blague qui ne fait rire que cette classe qui se sent supérieure, en oubliant à la base que ce ne sont que des employés du peuple.
Les années passent, le jeune ado toujours exploité, cette fois-ci en boulangerie, avec un salaire de 300 francs, salaire de merde. (Oups, excusez mon langage, mais je n'ai pas trouvé d'autres mots). Oui, commencer à 23 heures et finir à 14 heures le lendemain. Mais je ne regrette rien. J'ai appris mon métier à l'ancienne, enfin si je regrette ce que je n'ai pas fait, et je deviens un ado avec ça. Moto que je me suis payée, avec son salaire (de merde) d'apprenti boulanger. Alors à 17 ans ! En plein dans l'âge bête (et je fais pas les choses à moitié) Imaginer ! Les copains, les filles, les cigarettes, pétard et le champagne (non, c'était de la bière, je plaisante !) Le jeune branleur quoi !
Mais aussi loin que je me souvienne. La plupart des livres que j'ai lus. Mis à part les classiques. C'était Edgar Cayce, Allan Kardec et bien d'autres, et tout ce qui concerne la vie après la vie. La Réincarnation. Les maisons hantées, mes premières interrogations et aussi ma première passion, j'avalais ces livres en les intégrant. En les comprenant, à la recherche de mon Moi. Intéressé par la voyance, je n'ai jamais lu un bouquin sur la voyance ou la signification du tirage du Tarot. CAP de boulanger en main, mais pas de travail, je décide de m'engager dans la Marine : je devance mon appel, j'ai fait mes deux mois de cours. Mais suite à mon problème de vue, je suis réformé. Moi qui voulais m'engager pour voyager. Et de plus sur un bateau (j'aime bien les bateaux et les îles). Raté tant pis ! Cherche du travail, me disait mon père, on trouve, à force de chercher, on trouve toujours. Surtout que mon père ne me lâchait pas. Il a eu bien raison, et bien des années plus tard, on a tous en nous une phrase qui restera ancrée à jamais : « Un jour, tu comprendras. » J'ai compris ! Bien plus tard.
Donc, je continuai ma vie de jeune con à traîner, sortir en boîte et tout le reste, j'en passe et des meilleurs. Ce matin, ma mère venait me chercher pour l'aider au bar pour les petits déjeuners, un bus qui débarquait. J'allais chercher les croissants et je portais les plateaux de café, de chocolat et autres. Puis un matin, il était environ 6,30 h en train de dormir, comme le petit Jésus en culotte de velours. Je prends une baffe dans la gueule, ça réveille, croyez-moi ! Ma mère ! En me disant, « Tu fumes ? » je lui répondis oui, des Camel, PAN, une autre claque, je ne te parle pas de ça ! De bon matin, un client qui venait boire le café lui a dit que je fumais, et c'est vrai qu'on fumait un peu d'herbe. Résultat : départ pour Quimper chez le grand frère pour me remettre dans le droit chemin, je vous en parle après.
Tenez, je vais vous parler de ma mère. Il y a une chose que je pense savoir à ce jour : je vous ferai partager mon vécu, mon intimité. Ma mère est une femme avec un pressentiment, comme toutes les mères pour son enfant. Dès que je faisais une connerie, elle le savait. Et c'est vrai que si elle a des cheveux blancs, je ne suis pas innocent, c'est un peu à cause de moi : « Je sais que l'on ne sait jamais. » (Jean Gabin). J'ai cherché des années à savoir si j'étais fou ou bien si j'avais des capacités de voir réellement, si j'étais voyant ou médium. Décrire le passé d'un inconnu, des visions flash comme sur une photo. Quelquefois, un film, je n'en ai jamais parlé à quiconque. On n'ose pas en parler et difficile d'affirmer qu'on est voyant. On s'interroge. On cherche, à l'heure où je vous parle, je pense qu'une partie de mes capacités vient bien entre autres de ma mère.
Je n'ai jamais connu mon père biologique. Mais je pense que je tiens bien de lui aussi. Un côté – moins pur, mais bien présent. Du début, je vous parle de mon père. Un jour, j'avais 16 ans environ, tranquillement installé à regarder la TV, et j'entends ma mère engueuler mes grands-parents, et j'entends distinctement, je cite : « Ce n'est pas parce que ce n'est pas un Girardon qu'il faut lui donner moins que ses frères. » Elle parlait des étrennes que nos grands-parents donnaient pour Noël, ni une ni deux, ma mère a sauté sur le téléphone et dit ce qu'elle avait à dire : pas besoin de la pousser pour ça. C'est comme cela que j'ai appris que mon père biologique, ne m'avait pas reconnu, car ils étaient déjà mariés et avec des enfants. Donc un autre homme m’a reconnu et de par ce fait devenu mon père (paix à son âme, il mérite ce repos). Un homme honnête et droit, travailleur, cartésien posé, on ne devait pas lui parler de voyance ou de médium. Une personne de confiance. Quant à ma mère, honnête, droite, franche et courageuse, elle sortait de chez les sœurs. Enquêtrice bénévole à la SPA (oui, attention, on ne touche pas ou ne fait pas de mal à un animal ou à un de ses enfants avec ma mère.) Peur de rien, un petit bout de femme, mais quelle femme !
Un soir, j'avais l'habitude de sortir en boîte à 16 ans, c'était interdit, mais en ce temps-là, nous étions plus calmes et respectueux que les temps que nous vivons actuellement. Quand nous nous battions, c'était deux ou trois coups de poing, et après, nous allions boire une bière tous ensemble. Je suis sorti avec mes potes en boîte qui se sont fait refouler, donc je rentre à la maison. Ma mère était couchée, me voyant, me demanda pourquoi je suis rentré. Je lui expliquai. Et accrochez-vous, vous les amies ! Hop, ni une ni deux, en chemise de nuit, le berger allemand dans le coffre de la R12 break, moi à l'avant (la place du mort), direction la boîte de nuit où, de plus, il y avait une soirée voyance. Ma mère gara devant la porte de la boîte, le berger allemand qui aboyait sentant que sa maîtresse était en colère. En chemise de nuit, elle alla sonner à la porte, deux videurs des armoires, devant ma mère toute petite qui leur a dit en gueulant : je cite. « Pourquoi ne voulez-vous pas laisser entrer mon fils ? » Ce n'est plus la peine de venir poser vos affiches sur la vitrine du bar. Le patron est sorti tellement il y avait le bordel, du coup je suis rentré. Je n'étais pas fier cette soirée, la honte que j'avais, je ne suis pas prêt de l'oublier celle-là.
Pour vous dire que le hasard fait bien les choses comme on dit, je me répète : le hasard n'existe pas. Un jour, dans un petit bar de quartier à l'apéro, à côté de moi au comptoir, un homme d'un certain âge, on sympathise et allez savoir pourquoi, dans la discussion, alors que je ne connaissais pas du tout mon vrai père, je buvais le pastis avec son meilleur ami. On a fini l'apéro chez lui et m'a donné la seule photo qu'il avait de lui : j'étais son portrait tout craché, il est mort d'un cancer bien des années avant. J'ai rencontré bien des personnes sur ma route. Et toujours des personnes qui m’ont fait progresser inconsciemment dans le domaine des arts divinatoires et des sciences occultes, la voyance, médium, mes passions. La magie blanche, la magie rose (magie de cœur) et bien sûr la magie noire, les jeteurs de sorts, les rebouteux, les guérisseurs, les maisons plus ou moins hantées, des séances de spiritisme à faire blanchir tout être humain, oui, j'ai vu et assisté à bien des choses qui dépassent l'entendement avec plusieurs médiums. Mais je vous le décrirai plus tard. Accrochez-vous !
Il y en a dans la vie qui se frayent un chemin afin d'écarter les branches. Et bien, moi, c'était le contraire, j’allais chercher des bûches pour les jeter devant ma route. Mon chemin de croix de pénitence, apprentissage de sagesse. Vous comprendrez plus tard. On a tous notre sac à dos rempli de notre passé. Arrivés à un âge, certains courbent le dos plus que d'autres. Nous allons refaire le chemin ensemble, faites vos valises, on va voyager !
Superbe ! La Bretagne est superbe, pleine de légendes, terre des Celtes, druides, devins, voyants, terre de croyance et de résistance. À Quimper, mon frère me trouve du travail dans une boulangerie, où je reste 2 jours. Je suis tombé encore sur un vieux con ! Faut dire qu'avec moi, tous les patrons étaient des cons, alors il me fait embaucher dans l'entreprise où il exerçait le métier de directeur commercial d'une salaison, lui dans les bureaux et moi au désossage des jambons, ça se passait bien ! Mais je voulais prendre la mer. J'avais écrit dans la journée plus de 80 lettres à plusieurs armateurs afin de me faire embaucher sur un navire de commerce, quitte à bosser en fond de cale en mer du Nord. Pas de réponse positive. Tant pis ! Je suis revenu chez mes parents. Je trouve un stage de transformation des viandes.
Je rencontre et sympathise avec Didier, un jeune con comme moi, qui prétendait avoir le pouvoir des Voyants. Avec des rêves plein la tête, nous avions décidé de partir chercher du travail ailleurs. La Côte d'Azur plein les yeux ! Le soleil, la mer et bien sûr les filles. Je pars sans rien dire à mes parents, avec mon sac à dos, ma carte bleue où il n'y avait pas grand-chose dessus et que je n'ai pas gardée bien longtemps du reste. Nous voilà partis en 2 CV qui consommaient plus d'huile que d'essence, arrivés sur la corniche vers Mandelieu La Napoule, pas loin de Nice. Une fumée blanche épaisse à l'intérieur de la guimbarde, on l'abandonne sur les bords de la route et nous sommes partis en stop, pas très riches et peu d'affaires, pour un périple qui va nous emmener bien plus loin que je ne l'avais imaginé.
Saint Laurent-du-Var, SDF, on trouve un petit camping pas cher. Heureusement, car nous n'avions pas de quoi payer pour plusieurs jours et juste de quoi s'acheter à manger. Tous les matins, j'étais devant la porte de l'agence Manpower avant l'ouverture. Je me suis inscrit, mais il n'avait rien pour moi, donc je faisais le tour des entreprises et de tout ce qui était dans la restauration, des réponses positives oui, mais la saison n'allait pas commencer avant trois semaines. Le lendemain matin, rebelote, j'attendais la secrétaire de l'agence intérim, puis le lendemain matin, la secrétaire m'avait même offert un café. Elle me voyait trois fois par jour, à l'ouverture, à midi et à la fermeture de l'agence. Et enfin, en buvant le café avec elle, nous parlions voyance et elle me confia qu'elle ne connaissait pas de voyant médium et qu'une mission venait d'arrivée, un travail pour une semaine, oui, quand on veut, on peut, suffit de vouloir ! Vouloir c'est pouvoir !
Du coup, je me retrouve sur l'autoroute en plein cagnat, avec une pelle, une pioche au péage de Menton à creuser des tranchées. En plein soleil, pas un coin d'ombre, on est bien loin des salons feutrés de la voyance. Il était midi, pause déjeuner, bien sûr, rien à manger, nous étions trois partis se mettre à l'abri du soleil plus loin. Assis sur l'herbe, je regardai les deux autres ouvriers (je ne peux pas dire compagnons de labeur) avaler leur déjeuner, ils ne m'ont même pas proposé un bout de pain. Le lendemain, c'est la secrétaire qui, de son argent personnel, m'avait prêté de quoi m'acheter à manger. Trois jours sans manger en travaillant dur, cela laisse des marques, bref, j'avais mon pain et un bout de fromage, enfin. Certains savent ce que c'est de ne rien avoir à manger, encore de nos jours, malheureusement, à ce moment-là, ont apprécié ce petit instant de mieux-être. Le bonheur n'est qu'un instant de bien-être plus ou moins long.
Mission terminée rapidement. L'agence intérim avait eu vent de mon ardeur au travail (je n'ai jamais été fainéant) et me proposait donc une autre mission courte de trois jours, mais du travail quand même, c'était le principal. Une équipe de quatre personnes pour monter par les escaliers des portes blindées de deux cents kilos chacune. J'avais rapidement sympathisé avec mon chef, un ancien, qui était guérisseur : il coupait le feu et soignait les verrues, il lui arrivait même de tirer les tarots, et de faire de la voyance pure. Didier, quant à lui, celui qui, soi-disant, avait le pouvoir de la voyance, comme il aimait à dire, était reparti chez lui, retourné à son petit confort dans les jupes de sa mère, un branleur pire que moi, lui, il était fainéant.
Plusieurs petites missions m'avaient remis à flot mon compte bancaire entre-temps : j'avais fait, sur les différents chantiers où je travaillais, la connaissance de Sam, un jeune universitaire qui lui aussi était épris d'aventure. De plus, fier de connaître un voyant. C'est à l'apéro, encore une fois à Cagnes-sur-Mer en terrasse, que nous faisons connaissance de deux superbes Italiennes qui étaient en vacances, nous invitant à les rejoindre en Italie, à Florence. Nous, tout en restant dans l'ambiance de notre connerie, bien sûr, on se tire du camping de nuit en laissant la tente. Nous voici partis en Italie, arrivés à Florence, personne ! LOL. Très belle ville d'art, du reste. Florence, bien sûr, mon collègue en a mis une couche en me disant : « Bravo, le voyant n'a rien vu, le temps de visiter. » D'ailleurs, dans une ruelle, une voyante pure d'un certain âge faisait une sorte de démonstration gratuite de son art divinatoire, tandis que sa jeune fille lisait l'avenir dans une boule de cristal. J'avais bien aimé cette prestation. »
Et retour en France, petit travail en intérim. Sur la plage un soir, nous discutions avec un groupe de jeunes Allemands, qui nous expliquaient qu'ils partaient en Grèce puis en Crète, pour faire la réfection des toits en Grèce dans un premier temps. En effet, les toits ne sont jamais finis en Grèce, afin de ne pas payer la taxe d'habitations tant que la maison n'est pas finie, et, de ce fait, beaucoup de jeunes venant d'un peu partout prenaient cette destination paradisiaque, qu'est la Grèce. Dans ce groupe, une jeune femme faisait de la voyance dans les runes, et j'avais été initié à cette pratique inconnue pour moi, de faire de la voyance. Et dans un deuxième temps, faire la cueillette des olives où il y avait toujours du travail pour les jeunes Européens. Il n'en fallait pas plus, pour nous décider de prendre cette destination.
La Grèce. À partir de Vintimille, frontière franco-italienne, il nous aura fallu trois jours en train pour descendre toute l'Italie, côté Méditerranée, longer toute la côte qui est vraiment très jolie. Première escale Monterosso, escale forcée puisque nous n'avions pas de billet. Et toute la descente de l'Italie se fit comme cela, jusqu'à Bari, Brindisi. Nous avions sympathisé dans le train avec un couple à qui j'avais tiré les tarots. Le couple était surpris par mes capacités de voyant. Il nous restait un peu d'argent pour payer le passage en bateau pour Corfou, petite île grecque pas loin du continent.
Corfou, une île extraordinaire ! Des paysages époustouflants, des longues plages de sable blanc, la côte morcelée de multiples criques, toutes aussi belles les unes que les autres, vous entrez dans une eau tiède limpide, vous pouvez marcher plus de cent mètres en ayant de l'eau jusqu'au torse, un vrai petit paradis. Certes, un paradis, mais nous n'avions plus assez d'argent pour payer la traversée afin d'atteindre Parga juste en face de Corfou. Le soir, nous dormions sur la plage, et de la plage, on voyait très bien le continent grec. Il était primordial pour nous de rejoindre le continent et de descendre jusqu'à Corinthe pour rejoindre la Crète. Traversée à la nage, impossible avec les forts courants, nous avons donc eu la brillante idée d'emprunter une barque afin de traverser, puis nous avons pensé qu'un petit bateau à moteur serait plus judicieux. Et heureusement, sinon nous serions encore en train de ramer, la puissance des courants et la distance trompeuse que nous avions mal évaluées. Nous avons mis une bonne partie de la nuit à traverser à vitesse réduite afin d'éviter des plateformes. J'étais déjà aguerri à la conduite, car mon père, gérant d'une base nautique, m'avait appris à conduire un hors-bord.
Le lendemain, à l'aube, arrivé sur la plage, nous ancrons le bateau et puis je vais dormir, car harassé d'avoir navigué presque toute la nuit, c'est à ce moment que j'ai senti deux coups de pied dans les côtes. J'ouvre les yeux et je vois deux hommes en uniformes couleur caca d'oies, puis un troisième qui arrive, ils me traînent, il n'y a pas d'autres mots, mais c'était mérité, faut bien le reconnaître, bref, il me jette à l'arrière d'un quatre-quatre, direction le commissariat. Arrivé sur place, immédiatement mis dans une cellule sans aucune explication, et venant de la cellule d'à côté, j'entends mon ami dire : « C'est toi Lionel ? » Je lui confirme et il me dit : « Tu sais pourquoi on est là ? C'est pour le vol d'un parachute ascensionnel (parachute qui est tiré par les bateaux pour les loisirs). » Et rajoute : tu n’avais pas vu toi le voyant, ce n’est pas la peine de faire de la voyance pure, il est beau le médium !
J'étais plus que surpris : le bateau oui, mais un parachute non. Puis arrive un agent qui me conduit avec délicatesse (non, je plaisante) : on me jette dans un bureau et devant moi, 140 kilos de graisse et de sueur dégoulinante, un gros moustachu (ils sont tous moustachus là-bas) ; le bureau du commissaire qui ne parle pas français et très peu l'anglais. Il nous invite en nous poussant à rentrer dans le bureau qui se trouve à côté du sien, et là devant moi quatre hommes, dont trois tout frais et le dernier mal rasé, fatigué, et quelques marques de coups reçus. Le commissaire m'attrape par le bras et visiblement me demande en grec, bien sûr, car il ne parle que sa langue natale, et trois mots d'anglais, et vu que moi je parle anglais comme une vache espagnole qui vient d'Italie, pas facile, donc il me demande d'identifier un homme, en me désignant et insistant lui-même sur bien évidemment le profil mal rasé. Pas besoin d'être médium pour comprendre (c'est lui ?). (C'est lui ?) En grec, ils ne disent pas comme ça, mais on le comprend, croyez-moi ! Un petit haussement des épaules leur semblait être une affirmation suffisante : en cinq secondes, ils l'ont pris à deux. Ce pauvre bougre, et ils l'ont jeté par terre (à croire que c'est une coutume chez eux).
Tout s'accéléra : retour cellule, puis présenté devant un juge, nous avions un avocat qui balbutiait le français, mais ne le comprenait pas, comme un touriste qui sait juste dire j'aime la France. Résultat : trois mois de prison ferme ou alors trois mille francs à payer immédiatement, notre sort en était jeté, ce fut la prison. Embarqué dans un quatre-quatre direction case prison, en arrivant au bureau du directeur, moustachu lui aussi comme tous les gardiens du reste, il ne parle que le grec, nous donne un télégramme à remplir pour notre famille, et nous montre un téléphone dans le couloir, nous faisant comprendre que nous n'avions droit qu'à un seul appel. Nous lui demandons le numéro du consulat, il n'avait pas compris ou ne voulait pas comprendre, il nous donna un annuaire grec, bien entendu, et c'est au petit bonheur de la chance que nous avons fait un numéro au hasard, mon ami parlait anglais et moi italien et espagnol, dans l'espoir de tomber sur une personne qui parle une de ces langues.
Bien sûr, mon ami ne perdit pas l'occasion de me dire Vas-y, le voyant choisir un numéro. Apparemment, mes capacités en voyance ou de médium ne me sont pas d'un grand secours sur ce coup, puisque notre interlocutrice au téléphone ne parlait que le grec, peut-être qu'elle portait une moustache. Du coup, nous avons rempli nos télégrammes, notre gardien nous accompagne gentiment à notre cellule, et me rappelle toute ma vie le bruit de cette porte qui se referme lourdement sur une pièce de neuf mètres carrés, un mur blanc, un petit évier, un WC turc et une petite fenêtre inaccessible avec des barreaux donnant sur la cour de promenade, deux lits matelas à ressort. Et au-dessus de la porte d’entrée, une ampoule allumée vingt-quatre sur vingt-quatre, la douille apparente. Enfin la gamelle, il était temps, alors un pain long chacun, style les barres de quatre quarts, mais pas le même goût, et le plat, un genre de casserole en plastique blanc avec une cuillère en plastique blanc, un couteau et une fourchette en plastique blanc. Celui qui veut se suicider ne lui reste que l'électrocution à la douille dénudée ou s'étrangler avec une olive. On était venu pour faire la cueillette des olives, on a été servi, ils n'en manquent pas, croyez-moi, d'ailleurs, le soir, la seule occupation que l'on avait, c'était de jouer aux billes avec les olives. Donc le repas servi dans cette casserole et là des morceaux de mouton qui trempait dans un liquide orange avec des olives et alors gras, mais d'un gras on aurait pu graisser une chaîne de vélo, et la gamelle moitié remplie de cette sauce, je comprends mieux ce grand pain, c’est pour saucer. Et alors ensuite, pour laver cette gamelle grasse à l'eau froide sans produit, un petit bout de savon, accroche-toi, cela t'occupe un moment.
L'heure de la promenade : première sortie dans une grande cour de terre battue, entourée de mur blanc et de quatre miradors, avec deux gardiens armés de fusils, en plein soleil, il fait plus de quarante degrés, plusieurs détenus par petits groupes nous observent. Puis un monsieur nous fait signe de venir à lui, nous nous approchons d'un petit groupe de quatre individus, ils parlent un peu le français mélangé avec de l'italien et de l'anglais, nous arrivons à échanger, il était l'heure du café et je voyais plusieurs détenus venir dans notre direction, le plus âgé de notre futur petit groupe, un Sicilien faisait le café à la grecque, une petite tasse avec trois centimètres de marc de café au fond. Je fus surpris de voir ces détenus un à un prendre un café et s'isoler avec un autre membre de notre petit groupe, un Brésilien d'une bonne cinquantaine d'années qui, une fois leur café bu, prenait leurs tasses, la penchait et commençait à parler très vite. Tandis que la personne l'écoutait attentivement, presque religieusement. Celui qui faisait le café m'expliqua qu'il faisait de la voyance dans le marc de café et que depuis plus de dix ans ici, sa réputation de voyant médium pur n'était plus à faire. Même certains gardiens venaient pour une consultation de voyance. Les détenus, une fois leur voyance finie, lui donnaient un jeton en plastique avec un signe qui représentait une drachme qui était la monnaie de la Grèce pour lui payer sa consultation de voyance médium pur. Certains venaient même avec des peaux de bananes, cela peut prêter à sourire, mais il faisait bien de la voyance avec les filaments des peaux de bananes qu'il répandait sur le sol.
Une technique de voyance dont je n'avais jamais entendu parler, très rapidement, ce voyant venu de bien loin me prit en sympathie, et malgré la barrière de la langue, nous nous comprenions très bien. Il m'initia à la voyance dans le marc de café et à la lecture de l'avenir dans les filaments des peaux de banane. Et donc accepté dans ce petit groupe que toute la population carcérale respectait, et même certains gardiens. Nous étions donc protégés, un des gardiens était sympa avec nous, le seul d'ailleurs, il ne parlait pas français : il nous disait Mitterrand, le seul nom et mot français qu'il connaissait.
Notre première soirée, la gamelle la même en couleur. Le temps de faire la vaisselle à enlever ce gras, il ne nous restait que de s'asseoir sur le lit, et de discuter de notre sort, en se posant des questions sur notre avenir. Autant je m'éclate en voyance avec une personne que je n'ai jamais vue, autant pour moi ma voyance n'est plus neutre et donc faussée. Ce n'est que quinze jours plus tard, que nous sommes convoqués devant le directeur, qui ouvre son tiroir et nous ressort les deux télégrammes que nous avions écrits et donc qu'il n'avait pas envoyés, nous demandant ce que nous avions écrit, difficile de lui expliquer alors qu'il ne parle pas un traître mot de français. Il y avait un télégramme chacun pour nos parents respectifs, leur donnant de nos nouvelles ainsi que pour prévenir le Consulat de France.